25 - 26 - 27 mars 2025
Porte de Versailles - Hall 4

CRIOBE : comprendre, préserver et générer les récifs coralliens de demain !

MÉTIER | par Maryvonne Haslé de La Gazette du Laboratoire | Janvier 2024

Le CRIOBE (UAR3278) est né en Polynésie française en 1971, fondé par le Pr Bernard Salvat de l’EPHE-PSL, l’Ecole pratiques des Hautes Etudes, composante de l’Université PSL (Paris Sciences et Lettres), qui avait été sollicité dans le cadre du centre d’expérimentation du Pacifique pour décrire la biodiversité marine. En 50 ans, l’étude des récifs coralliens a évolué de la description de la biodiversité à la compréhension de ces écosystèmes, pour progressivement prévoir leur évolution face au changement global. Installée à Perpignan depuis 32 ans, l’unité dépend aussi des tutelles CNRS (depuis 1991) et de l’université de Perpignan Via Domitia (UPVD - depuis 2014). Ses recherches sont axées sur les récifs coralliens, leur description, leur compréhension et leur préservation.

Quatre programmes de recherche sur les récifs coralliens :

Très Interdisciplinaire, le CRIOBE fait de la recherche fondamentale dans le but de trouver des solutions pour les écosystèmes des récifs coralliens jusqu’à la valorisation des résultats de ces recherches fondamentales : biologie, écologie, chimie, anthropologie, économie, géographie, sciences de l’ingénieur… Au lieu de se structurer en équipes, l’unité a opté pour des programmes stratégiques qui permettent aux chercheurs et enseignants-chercheurs de contribuer à plusieurs programmes sans rester cloisonnés dans une équipe, ceci est au bénéfice de l’interdisciplinarité. L’objectif est « les récifs coraliens de demain ».

Pour le plan quinquennal 2019-2025, quatre programmes stratégiques ont été définis :

Programme 1 :  Interaction et médiations chimiques : comment les interactions et la communication chimique entre les organismes vont faire évoluer les récifs coralliens.

Programme 2 : Organismes récifaux dans un monde changeant. Décrire, comprendre les organismes coraliens, comment ils fonctionnent, la symbiose avec l’algue zooxantelle, comment ils évoluent par rapport à l’élévation de la température et les changements globaux. Tirer les enseignements de cette recherche pour fournir une base scientifique solide pour les décisions de gestion de la conservation ou de restauration.

Programme 3 : Ecologie fonctionnelle & services écosystémiques rendus par les récifs coraliens. Il s’agit d’étudier l’apport des organismes marins à l’architecture globale des récifs et d’évaluer les services écosystémiques (tourisme, alimentation, économie globale) et leur capacité de résilience.

Programme 4 : Gestion des systèmes socio-écologiques. Il présente divers volets comme : le fonctionnement d’aires marines protégées ; le Rahui Center (Centre de compétences pour accompagner les communes à gérer la pêche lagonnaire en s’appuyant sur la culture traditionnelle et la pratique des pêcheurs locaux) ; la contribution aux discussions intergouvernementales sur la gouvernance des océans (par exemple la juridiction au-delà des zones économiques exclusives).

Installation de « plaques de recrutement » dans le lagon de Moorea afin d’étudier la vitesse de colonisation des larves de corail - © Matthieu Reynaud, CRIOBE (EPHE-PSL, UPVD,CNRS) 

Colonies de coraux en conditions contrôlées - © CRIOBE (EPHE-PSL, UPVD, CNRS)

Le CRIOBE effectue de la recherche fondamentale et valorise les résultats de ses recherches en les transférant selon 4 directions :

  • Elaborer des solutions pour les hommes et les écosystèmes
  • Accompagner les décideurs et gestionnaires, un accompagnement à la prise de décision et pour la modalité de gestion
  • Créer de la valeur économique, des partenariats avec des entreprises et l’application des résultats de recherche pour l’entreprenariat
  • Vulgariser, assurer la médiation scientifique grand public et scolaire, notamment avec l’Ecomusée Fare Natura, issu du CRIOBE et inauguré en 2021 par le Président Macron à Moorea.

Le CRIOBE participe également aux formations de l’université de Perpignan, et de l’EPHE-PSL, de la Licence au Master (www.criobe.pf). Il est partenaire d’un Master européen, participe à la formation continue (diplôme EPHE-PSL) et a développé un enseignement à distance, MANEA (ouvert au grand public), qui propose des unités d’enseignements qualifiantes sur les récifs coraliens. 

Manipulation en laboratoire de biologie moléculaire à la station du CRIOBE à Moorea - © CRIOBE (EPHE-PSL, UPVD, CNRS)  

Trois sites complémentaires

Le CRIOBE est basé sur 3 sites : Perpignan, Moorea (Polynésie française) et Paris.

Situé dans le département des Pyrénées Orientales sur le campus de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD), le CRIOBE occupe 1 500m² de bureaux et laboratoires répartis dans 2 bâtiments.

Le CRIOBE dispose également d’accès à des salles de l’aquarium de l’Observatoire de Banyuls et d’Oniria à Canet-en-Roussillon. Le CRIOBE met à disposition du personnel, pour faire fonctionner le plateau MSXM de métabolomique de l’UPVD qui dépend de la Plateforme Bio2Mar (Biodiversité et Biotechnologies Marines), créée en 2010 pour offrir à la recherche publique et aux entreprises privées une expertise et des technologies de pointe permettant la valorisation de la biodiversité marine.

Basée à Moorea (Polynésie), la Station d’Ecologie Expérimentale (SEE) est la station de terrain du CRIOBE, positionnée au cœur des écosystèmes coralliens étudiés. Elle est la plus récente des 5 stations de recherche du réseau RéNSEE (cf supra) et est ouverte à l’international. En fonction des attentes des chercheurs, le service assure la mobilisation de l’instrumentation, la distribution d’eau de mer au sein du service aquariologie (petits, moyens et grands bassins pour y mettre des requins par exemple).

Ce pôle du CRIOBE à Moorea est un observatoire qui suit divers sites instrumentés autour de Moorea mais aussi dans toute la Polynésie française (12 îles avec différents sites), et à l’échelle du Pacifique (Cook, Pitcairn…). Du personnel CRIOBE se rend sur site tous les deux ans pour collecter les informations. Tous les 5 ans, dans le cadre du GCRMN (Global Coral Reef Monitoring Network), le CRIOBE contribue, avec les collègues des USA et d’Australie, à la parution de l’état de suivi des récifs coraliens à l’échelle du pacifique (comptage poisson, photos, analyses physico-chimiques de l’eau, courant, salinité…). Certains sites sont suivis depuis 50 ans ! De telles données sont uniques dans le Monde et précieuses dans le cadre du réchauffement global.

La SEE accueille chercheurs et étudiants du monde entier sur un terrain de 20 500 m2, affecté par le pays, dont 2 500 m2 de bâtiments qui offrent accès à des laboratoire de chimie, de biologie moléculaire, d’optiques, des systèmes d’aquariologie en conditions réelles ou contrôlées et de dimensions variables, des congélateurs (-20°C, -80°C), un service « plongée » et divers types de bateaux, un atelier… Une grande barge scientifique de 14m de long peut être déployée sur les lagons de Polynésie et œuvrer en véritable laboratoire déporté.

A Paris, un bureau et une salle de réunion ont été mis à la disposition du CRIOBE, au sein de la Maison de l’Océan, véritable « hub » environnemental qui rassemble de grands acteurs de l’environnement et de la protection des océans : l’Institut Océanographique, le CRIOBE et le LabEx CORAIL, la Fondation Prince Albert II de Monaco, la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité, la Plateforme Océan-Climat, la Mediterranean Science Commission, etc. La Maison de l’Océan accueille régulièrement des conférences internationales autour des grands enjeux de la gestion durable des océans et des sujets connexes de l’environnement. 

Vue aérienne de la station du CRIOBE - © CRIOBE (EPHE-PSL, UPVD, CNRS)

Salle de chimie analytique à l’UPVD, plateau perpignanais MSXM de la plateforme Bio2Mar - © Annaïg Le Guen, CRIOBE (EPHE-PSL, UPVD, CNRS) 

Une équipe solide et des projets

Dirigé par Annaïg Le Guen, secondée par Valeriano Parravicini, Directeur adjoint, le CRIOBE rassemble en moyenne 90 personnes, variant en fonction des doctorants présents (trentaine de doctorants et une dizaine de postdoctorants). Il comprend 44 permanents des 3 tutelles : 23 chercheurs et enseignants-chercheurs, et 21 personnels techniques et administratifs. Les chercheurs et agents techniques sont souvent en mission entre les sites. Le CRIOBE a produit 700 articles scientifiques internationaux en 5 ans.

Chaque année depuis trois ans, une postdoctorante ou doctorante du CRIOBE est lauréate du Prix de la Fondation l’Oréal-Unesco For Women in Science qui promeut des jeunes femmes de science.

A Moorea, l’équipe technique a été reconnue dans le cadre de l’attribution d’un Cristal Collectif du CNRS en 2020 pour les 5 stations du réseau, récompensant les ingénieurs et les techniciens des sites.

Avec ses atouts, le CRIOBE entend continuer sa recherche d’excellence reconnue mondialement. Il entre dans la phase d’évaluation de son plan quinquennal actuel par le HCERES (d’ici fin 2023). L’objectif ensuite est de mettre en oeuvre le prochain plan qui débutera le 1er janvier 2025 jusque fin 2029). Cette période sera propice à la concrétisation, à Moorea, d’un projet en vue de développer un nouveau bâtiment avec une halle technologique pour intensifier le lien entre la recherche et l’industrie, et accompagner (preuve de concept et levée de verrous scientifiques et techniques) des start-ups ayant des idées innovantes en lien avec les récifs coraliens. Cette Halle pourra héberger des entrepreneurs, mais aussi un FabLab (scanners et imprimantes 3D) pour élaborer des récifs artificiels pour la recherche, la formation et l’entreprenariat. Un espace de coworking pourra également favoriser l’interaction entre les acteurs. Ce projet est actuellement dans sa phase de dépôt de demande de financement, avec une finalisation prévue d’ici 3 à 5 ans. A suivre !

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