25 - 26 - 27 mars 2025
Porte de Versailles - Hall 4

GeNeuro & le CIRI pour lutter contre le covid Long ! 

MÉTIER | par Maryvonne Haslé de La Gazette du Laboratoire | Décembre 2023

Créée en 2006 et basée à Lyon et Genève, GeNeuro cherche à utiliser la biologie des rétrovirus endogènes humains (ou HERV pour Human Endogenous RetroVirus) pour développer de nouvelles solutions dans les maladies neurodégénératives et auto-immunes. Plus récemment, la société s’intéresse également aux conséquences neuropsychiatriques sévères du COVID-19 (post-COVID ou COVID long).

Jesus Martin Garcia, Directeur Général de GeNeuro - © GeNeuro

La société GeNeuro est basée à Genève/Plan-les-Ouates, en Suisse, et dispose d’installations de R&D à Lyon (GeNeuro Innovation SAS), en France. Son équipe actuelle, dirigée par Jesús Martin-Garcia, son Directeur Général, se compose de 17 personnes, avec des profils principaux de médecins et PhD, spécialisés dans le domaine des anticorps monoclonaux, la clinique et la recherche. 

La majeure partie des personnes qui développent la COVID-19 après infection par le SARS-CoV-2 se rétablissent complètement, mais les recherches menées dans le monde indiquent qu’environ 10 à 20% de ces personnes éprouvent des effets pathologiques à long terme. Des études universitaires à grande échelle confirment que ces patients ne se rétablissent pas complètement et/ou développent de nouveaux symptômes, avec une forte proportion de troubles neurologiques et/ou psychiatriques. En janvier 2023, une publication dans la revue Nature Reviews Microbiology estime qu'au moins 65 millions de personnes dans le monde souffrent aujourd’hui du fameux COVID Long.

En 2021, des collaborateurs académiques de GeNeuro publient des résultats dans la revue EBioMedicine du Lancet montrant la présence de la protéine W-ENV sur les lymphocytes de patients hospitalisés atteints de COVID-19. Ces mêmes résultats indiquent une corrélation entre le niveau d'expression de la protéine et la gravité de la maladie. En outre, des données plus récentes ont montré que le SARS-CoV-2 était capable d'induire in vitro l'expression de W-ENV dans les cellules sanguines humaines d'environ 20% des volontaires sains. Comme W-ENV est un puissant activateur de l’immunité innée, il pourrait jouer un rôle important dans la déplétion des lymphocytes et la tempête de cytokines observée dans les cas graves lors de la maladie aiguë.

Mais l'expression de la protéine pathogène W-ENV déclenchée par l'infection par le SARS-CoV-2 peut aussi se poursuivre longtemps après la résolution de la phase aiguë et pourrait jouer un rôle majeur dans la persistance de syndromes neurologiques et psychiatriques chez de nombreux patients atteints de COVID-19. En effet, on la retrouve sur les lymphocytes et dans les cellules endothéliales tapissant les vaisseaux sanguins dans le cœur, les poumons et le cerveau. 

Pour comprendre ces effets sur la durée, GeNeuro a mené, en collaboration avec des partenaires académiques, des études prospectives sur les patients atteints de symptômes à long terme. Sur la base de l’analyse sanguine de ces patients, GeNeuro a développé en collaboration avec l’INSERM un test permettant de détecter la protéine W-ENV dans le sérum sanguin. Les études menées sur des cohortes de plusieurs centaines de patients européens et américains présentant des symptômes d’une affection post-COVID-19 ont ainsi permis de détecter la présence de la protéine W-ENV chez plus de 25% de ces patients.  

L’anticorps temelimab a démontré à ce jour une excellente tolérabilité, avec plus de 500 années-patient d’expérience en clinique. Capable de neutraliser la protéine W-ENV, son administration chez les patients atteints de COVID-long permettrait de neutraliser la protéine W-ENV et d’éviter la cascade d’effets néfastes qu’elle induit.

GeNeuro se focalise ainsi sur l’inflammation chronique provoquée par l’activation de W-ENV, et s’attaque à la cause directe des symptômes de la maladie, cela afin d’éviter aux patients de prendre une combinaison de traitements ne visant que le traitement des symptômes de la pathologie (antidépresseurs, médicaments pour faciliter la marche, traitement des difficultés respiratoires…). 

Manipulations dans les laboratoires de GeNeuro - © GeNeuro

Le 3 mai 2023, GeNeuro a annoncé la publication dans la revue scientifique en libre accès iScience de « Cell Press » des nouveaux résultats de la collaboration entre GeNeuro et le CIRI, le Centre International de Recherche en Infectiologie, à Lyon en France, sur le lien entre le SARS-CoV-2 et la protéine d'enveloppe pathogène HERV-W pro-inflammatoire (W-ENV).

« Nos recherches suggèrent que HERV-W ENV ne représente pas simplement un biomarqueur de la gravité ou de l'évolution du COVID-19, mais qu'il est également susceptible d'être un acteur pathogène superposé qui contribue à la gravité de la maladie et peut aider à expliquer la variabilité interindividuelle des manifestations du COVID-19. En outre, il peut jouer un rôle dans l'évolution clinique, avec une éventuelle pathologie à long terme, comme on le voit avec la pandémie secondaire de COVID-Long qui émerge actuellement et qui représente des millions de patients souffrant de divers symptômes et d'une pathologie invalidante à long terme, pour laquelle aucune compréhension rationalisée ni aucune perspective thérapeutique ne peuvent être proposées à ce jour. Face à cette situation difficile, les données de la présente étude suggèrent fortement W-ENV comme marqueur de gravité et comme cible thérapeutique pour des approches médicales personnalisées dans les syndromes associés à COVID-19 », commente le Dr. Branka Horvat, Directeur de Recherche INSERM qui dirige l'équipe "Immunobiologie des Infections Virales" au CIRI, Centre International de Recherche en Infectiologie.

Le recrutement des patients de cette étude de phase 2 est actuellement en cours en Suisse (5 centres cliniques), en Italie et en Espagne. Avec un traitement d’une durée de 6 mois, l’étude envisage le recrutement d’environ 200 patients et évaluera la capacité du traitement à modifier le cours de la maladie pour la cognition ou la fatigue. Les premières données devraient arriver d’ici le milieu de l’année 2024. Si les résultats sont favorables, la mise à la disposition des patients concernés pourrait être très rapide.

La société attend les premiers résultats dans 12 mois de son étude dans le COVID-Long. De grands espoirs pour les patients concernés !

____________________________