25 - 26 - 27 mars 2025
Porte de Versailles - Hall 4

EpiLab : l’excellence de la recherche publique bourguignonne alliée à l’énergie d’ingénieurs entrepreneurs visionnaires !  

SUCCESS STORIES | par Solenne Denis de La Gazette du Laboratoire | Février 2023

La start-up Epilab, issue du programme X-Up de l’Ecole Polytechnique promotion X-12 ambitionne d’accélérer la lutte contre la tuberculose, deuxième cause de mortalité infectieuse dans le monde. Portable et simple d’utilisation, sa réponse à la maladie est également fiable et rapide : un kit de dépistage nouvelle génération intégrant un procédé de détection innovant ! Explications…

La société Epilab a été créée en octobre 2020 dans le but de développer et de commercialiser un test nomade pour un dépistage simple et rapide de la tuberculose. A l’origine du projet : la rencontre de deux jeunes ingénieurs entrepreneurs au parcours déjà international – Maurice LUBETZKI, ingénieur des Arts-et-Métiers et diplômé d’un MSc Georgia Tech, et Clément DUBOIS, ingénieur de l’Ecole Centrale de Paris et diplômé d’un master en Biologie, aujourd’hui respectivement CEO et CTO d’Epilab - avec Murielle ROCHELET et Elodie BARBIER, inventrices du brevet qu’Epilab exploite. Ces dernières sont enseignantes-chercheuses à l’Université de Bourgogne et l’INRAe, respectivement docteurs en Electrochimie et en Mycobactéries, CSO et membre du conseil scientifique d’Epilab.

« J’ai rencontré Clément quand j’exerçais aux Etats-Unis ; nous nous intéressions déjà tous deux au monde de la santé et souhaitions rentrer en France avec l’envie d’entreprendre », commente Maurice LUBETZKI. « L’épidémie de Covid nous avait par ailleurs fait prendre conscience d’un réel manque d’investissement sur des pathologies qui impactent peu nos pays. D’où notre volonté de travailler sur le développement de technologies innovantes qui optimiseraient le dépistage de maladies infectieuses, sous-investies en termes de R&D. C’est dans ce contexte que nous avons fait la connaissance en mars 2020 d’Elodie et de Murielle, et que nous avons découvert leur technologie : l’EDMYC, Electrochemical Detection of MYCobacteria. »

« A peine sept mois plus tard, nous avons pu officiellement créer la société Epilab et intégrer le programme d’incubation X-Up de l’Ecole polytechnique, l’un des rares sites à associer microbiologie et hardware, idéal pour poursuivre le développement technologique de notre approche », complète le dirigeant d’Epilab.

Maurice LUBETZKI et Clément DUBOIS

Copyright : Jérémie BARANDE, photographe de l’école polytechnique

Une technologie brevetée combinant microbiologie et électrochimie analytique

La technologie EDMYC, brevetée et encapsulée par Epilab dans son kit de diagnostic de la tuberculose est née au sein de l’UMR Agroécologie de Dijon [université de Bourgogne, INRAE, Institut AgroDijon - ex. AgroSup Dijon - et CNRS], puis a été mûrie et transférée à Epilab par la SATT Sayens, également actionnaire de la start-up depuis mars 2021.

A l’interface de la microbiologie et de l’électrochimie analytique, l’innovation résulte dans la mise au point d’un substrat qui, en présence de mycobactéries tuberculeuses, génère une réaction enzymatique identifiable par détection électrochimique. Le procédé innovant développé par les chercheuses Murielle ROCHELET et Elodie BARBIER permet ainsi de mettre rapidement en évidence, dans un prélèvement respiratoire (1 à 2 ml d’échantillon d’expectoration), la présence ou l’absence de mycobactéries.

L’équipe R&D d’Epilab s’est tout particulièrement concentrée sur la miniaturisation de cette technologie unique de détection des mycobactéries afin de l’intégrer dans un kit nomade. D’importants travaux engagés dans le domaine de la microfluidique ont permis de produire les premières puces et de les tester avec succès à l’Ecole Polytechnique. Un prototype a également pu être réalisé et évalué en collaboration avec les experts du CNR-MyRMA, Centre National de Référence des mycobactéries (INSERM & APHP) de l’Hôpital Bichat. Ces premières données de performances, très prometteuses en laboratoire, ont permis de préciser le procédé scientifique.

Les atouts du kit Epilab

Le kit de dépistage nouvelle génération répond aux spécifications définies par l’Organisation Mondiale de la Santé. Portatif et simple d’utilisation, il ne nécessite ni infrastructure de soins, ni personnel médical. Il offre ainsi la possibilité de détecter en masse, en moins de deux heures, les populations touchées par la tuberculose, avec une fiabilité identique à celles des autres technologies sur le marché. « Un autre atout de notre technologie est sa stabilité thermique qui permet de réaliser ce test sur une large gamme de températures, à l’intérieur comme à l’extérieur », ajoute M. LUBETZKI. « De plus, à l’inverse des tests PCR qui détectent la présence d’ADN des mycobactéries mortes et vivantes, notre kit diagnostique est spécifique des mycobactéries vivantes, ce qui constitue un critère très important pour le suivi des patients… »

 

Prochain objectif : la validation clinique !

Forte aujourd’hui d’une équipe de 15 personnes, pour la majorité docteurs en microbiologie, microfluidiciens ou encore ingénieurs en mécanique et hardware, la start-up continue de grandir et élargit le champ de ses expertises au rythme de l’avancée de ses travaux. Ses tout derniers recrutements concernent la recherche en microbiologie, mais aussi le développement de produits et dispositifs médicaux, ainsi que la qualité et les affaires réglementaires.

Après une première levée de fonds d’un million d’euros au cours de l’été 2021, Epilab finalise aujourd’hui le développement de la première version de son kit portable pour un dépistage rapide de la tuberculose. Les essais de faisabilité devraient débuter sur le terrain d’ici début 2023, en France en partenariat notamment avec le CNR-MyRMA, ainsi qu’en Afrique de l’Ouest, auprès des autorités sanitaires locales, tout d’abord du Cameroun.

« Nous cherchons toujours à augmenter le nombre de nos partenaires pour tester notre technologie et multiplier les retours terrain auprès des différentes acteurs du diagnostic de la tuberculose, en France comme sur le continent africain », souligne Maurice LUBETZI. « Les débouchés de notre innovation sont très vastes – dans les pays en voie de développement, mais aussi les pays occidentaux où des foyers tuberculeux réapparaissent, par exemple dans les prisons ou des structures d’accueil de migrants - et notre ambition est mondiale. Grâce à l’expérience acquise lors de la mise sur le marché du premier produit Epilab, nous aurons la maturité pour développer et déployer des tests de dépistage pour d’autres maladies infectieuses et ainsi améliorer plus encore le contexte sanitaire mondial », conclut le CEO d’Epilab.

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Pour en savoir plus :  https://www.Epilab.io/