25 - 26 - 27 mars 2025
Porte de Versailles - Hall 4

STELLA MARE et son programme de sauvegarde de la langouste rouge !

PORTRAIT | par Maryvonne Haslé de La Gazette du Laboratoire | Janvier 2023

Basée près de Bastia, la plateforme scientifique de l’Université de Corse et du CNRS, Stella Mare s’est spécialisée dans l’ingénierie écologique marine et littorale. Parmi ses programmes de recherche, celui sur la langouste rouge (Palinurus elephas), espèce vulnérable, vient de connaître ses premières réussites. 

L’expérimentation larvaire de langouste rouge de l’équipe de Stella Mare, effectuée durant les premiers mois de l’année 2022, a porté ses fruits ! Elle est une nouvelle fois récompensée par l’obtention de juvéniles mais également par une amélioration significative des résultats :

  • 64 pré-juvéniles obtenus (contre 11 obtenus à la même période en 2021)
  • 25 juvéniles de stade I obtenus (contre 6 obtenus en 2021)
  • 5 juvéniles de stade II actuellement vivants et en grossissement dans les aquariums du laboratoire.

Une augmentation des rendements de survie à tous les stades a été notée, dont une multiplication par 10 de la survie au dernier stade d’élevage avant le juvénile. 

Une espèce très menacée 

Observée dans l’océan Atlantique Nord-Est (de la Norvège à la Mauritanie), mais surtout en Méditerranée, en Afrique du Nord jusqu’au Maroc, aux Iles Canaries et aux Açores, la langouste rouge est classée « espèce vulnérable » et figure dans la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN).

La raréfaction de la ressource a eu comme conséquence l’augmentation de l’effort de pêche (filets plus longs, embarcations plus nombreuses, pêche plus profonde…) et une répercussion sur l’ensemble de la biodiversité.

Localement, un constat alarmant a été dressé en Corse et en Sardaigne, deux des plus grosses pêcheries de langoustes d’Europe, où l’on a pu assister à un net déclin des captures entre 1954 et 2008. Par exemple, en Corse, alors que 300 tonnes de langoustes étaient pêchées dans les années 50, seules 61 tonnes en moyenne le furent ces trois dernières années.

Il est également important de rappeler que pour le secteur de la pêche en Corse, la langouste génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 4 millions d’euros. Elle représente à elle seule jusqu’à 70 % des revenus de la pêche professionnelle insulaire.

Des résultats prometteurs

Aussi, les résultats précités positifs de l’expérimentation larvaire de langouste rouge et la maîtrise de sa reproduction pourraient aider sur le plan économique à endiguer le déclin des captures en Europe dû à la surpêche.

Afin d’atteindre ces résultats, l’équipe de Stella Mare a dû résoudre de multiples problèmes liés à la complexité de l’élevage due au nombre et à la fragilité des stades larvaires, à la durée de l'élevage, à l’alimentation et aux contraintes sanitaires du protocole scientifique. Cette avancée majeure ouvre aujourd’hui la voie à des méthodes de compensation de l’activité de pêche afin de préserver la présence de la langouste sur son aire de répartition.

Un transfert d’individus pourrait de plus être envisagé à l’échelle européenne pour la restauration des populations dégradées (avec bien évidemment les précautions génétiques de rigueur).

Cette réussite exceptionnelle, en collaboration étroite avec les pêcheurs et aquaculteurs corses, matérialise à nouveau la volonté de la plateforme de transformer la recherche en richesses, à travers ses trois missions majeures :

  • Favoriser une pêche éco-responsable et une aquaculture durable,
  • Valoriser et diversifier les productions issues des différentes espèces marines,
  • Gérer les ressources naturelles en vue d'une exploitation raisonnée. 

Siphonage du fond d'un bac contenant des géniteurs femelles de langouste rouge "Palinurus elephas", à Stella Mare. © Cyril FRESILLON / Stella Mare / CNRS Photothèque

Siphonage du fond d'un bac contenant des géniteurs femelles de langouste rouge "Palinurus elephas", à Stella Mare. © Cyril FRESILLON / Stella Mare / CNRS Photothèque

Recherche et Ingénierie écologique marine et littorale

Créée en 2011 sous l’égide de l’Université de Corse, l'Unité d’Appui à la Recherche 3514 – Plateforme scientifique Stella Mare (Sustainable TEchnologies for Littoral Aquaculture and MArine REsearch), basée près de Bastia, est spécialisée dans l’ingénierie écologique marine et littorale.

En associant les chercheurs et les professionnels de la mer pour une gestion durable des ressources halieutiques, ses programmes de recherche innovent dans le domaine de la pêche, de l’aquaculture et de la restauration écologique à l'échelle de l'Europe. Avec près de 17 000 espèces recensées, la Méditerranée abrite 7,5 % de la faune marine mondiale et constitue un véritable hot-spot de biodiversité. Son approche scientifique est bâtie autour de trois piliers principaux : la recherche, le transfert de technologie vers les professionnels et la sensibilisation du public, notamment les jeunes générations.

Une cinquantaine d’ingénieurs, techniciens, enseignants-chercheurs et informaticiens sont ainsi investis dans les programmes de R&D conduits par Stella Mare. Ces équipes mènent des études approfondies : évaluer les stocks naturels marins de Corse, analyser les interactions au sein de l’écosystème, maîtriser les processus de reproduction et d’élevage de différentes espèces locales, et restaurer des populations ou des habitats dégradés par l’action de l’homme en milieu marin. Des travaux spécifiques sont conduits autour de l’oursin violet (Paracentrotus lividus), de l’huître plate européenne (Ostrea edulis), du homard européen (Homarus gammarus), du denté commun (Dentex dentex) et d’espèces menacées de disparition ou vulnérables, comme la langouste rouge (Palinurus elephas), le corb (Sciaena umbra), la patelle géante (Patella ferruginea) ou la grande araignée de Méditerranée (Maja Squinado), dont la Corse demeure l'un des derniers gisements au monde.

Rappelons que le Professeur Antoine Aiello, directeur de la Plateforme Stella Mare (Université de Corse/CNRS) est lauréat national de la médaille de l’innovation du CNRS pour l’année 2021. Cette reconnaissance salue l’excellence scientifique des recherches menées au sein de Stella Mare.

Avec ses programmes en cours, notamment celui de la langouste rouge, l’ambition fixée dès l’origine par Stella Mare se renforce : assurer des recherches fondamentales et appliquées pour des innovations d’excellence en prise avec les grands défis sociétaux pour une gestion durable des ressources naturelles.

Siphonage du fond d'un bac contenant des géniteurs femelles de langouste rouge "Palinurus elephas", à Stella Mare. © Cyril FRESILLON / Stella Mare / CNRS Photothèque

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Pour en savoir plus :  UAR CNRS 3514 Stella Mare – Université de Corse

Tel : 04 95 45 06 97

[email protected]

https://stellamare.universita.corsica